Choisir,
Construire et Démolir
est bâtie autours de deux « créatifs culturels » Stéphane et Camille.
Les créatifs culturels (ou créateurs de cultures) sont des personnes isolées
(c'est-à-dire ne s’inscrivant dans aucun réseau culturel particulier), issues
de toutes les catégories sociales et qui tentent au quotidien de mettre en
pratiques les gestes écologiques qu’ils estiment à leur portée. Mais alors que
l’écologie est à la mode, certains écolo-convaincus sont souvent pris avec
condescendance par les autres : il n’est pas toujours facile de s’affirmer
« écolo » dans l’âme et les actes. Je suis moi-même sensible aux
problématiques environnementales (j’ai vécu plusieurs catastrophes marquantes
dans mon enfance lorsque j’habitais en Alsace: les pollutions du Rhin, la mort
des poissons de l’Ill, la rivière qui passait près de chez moi, la catastrophe
de Tchernobyl et l’interdiction de manger les salades du jardin, une alerte
pollution atmosphérique et notre confinement plusieurs heures dans notre
collège, les nombreuses naissances de bébés malformés dans mon entourage,…).
A travers les exemples de Stéphane,
jeune femme qui se cherche (et dont le prénom est déjà source de confusion à
son égard) et de Camille, père de famille accompli, je prends le parti de rire
des écolos « convaincus». Cette distance et les quatre autres personnages,
me permet de mettre en lumière un problème bien plus fondamental : comment
construire sa vie ? Et donc comment faire les choix qui permettent de
s’accomplir ? Quel est l’impact de notre présence sur les environnements
qui nous entourent (familial, social, urbain, rural,…) et quel est notre niveau
de conscience à cet égard ?
L’alternance des lieux se fait sur
des transitions musicales, au nombre de six. Chaque personnage possède son
propre thème qui éclaire un aspect, caché ou non, de sa personnalité, et chaque
partie de la pièce focalise sur un personnage. Un thème particulier est prévu
pour le monologue de Stéphane, la comédienne disant son texte de manière
extrêmement retenue, voir étrangement distante, la musique soutiendra un autre
niveau de compréhension de ce monologue, ouvrant la voie à la profondeur de la
détresse du personnage.
Au niveau de la direction d’acteur,
alors que le texte a un niveau de langage familier et que certains personnages
paraissent faire preuve de légèreté dans leurs propos, je travaille sur leurs
secrets, leurs angoisses, les rêves déchus, leurs failles. Les enjeux de chacun
sont très élevés mais sont cachés ou niés; tout se situe dans les
« non-dits ». Je souhaite que, dans le jeu des comédiens, le texte
s’efface au profit des liens invisibles qui lient les personnages entre eux et
au monde. Je cherche à atteindre directement l’inconscient du spectateur.
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